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Les producteurs

Les producteurs

Le commerce équitable bénéficie à 1.5 millions de producteurs dans le monde.
Artisans du Monde et sa centrale d’importation Solidar’Monde collaborent avec plus de 60 groupes d'artisans et une cinquantaine d'organisations paysannes situés dans 42 pays en Asie, en Afrique et en Amérique Latine.

Les producteurs sont, avec toute la prudence liée à ce type de classification :

  1. des paysans organisés : certains sont de petits propriétaires (producteurs de cacao en Bolivie) d’autres sont des ouvriers comme par exemple dans des plantations de thé en Inde;
  2. des artisans très pauvres, vulnérables et marginalisés socialement, économiquement et politiquement (intouchables, femmes seules, handicapés etc.). Peu qualifiés, ils se sont organisés, souvent avec l’appui d’organisations de commercialisation au Sud. Ainsi au Népal, l’organisation ACP travaille avec plus de 800 artisans habitant dans des villages isolés.
  3. des artisans professionnels, souvent qualifiés et propriétaires de leurs outils de production.

Les organisations partenaires s’inscrivent généralement dans un mode de production qui contribue à la concrétisation d’un développement durable.
Les organisations de producteurs sont souvent liées à une organisation exportatrice du Sud, appelée « organisation faîtière » qui assure pour les plus marginalisés une fonction d’appui à l’organisation et à la commercialisation.

L'enjeu spécifique de l’artisanat

C’est parmi les producteurs d’artisanat que l’on retrouve les communautés les plus marginalisées et les plus dépendantes de la filière commerce équitable. Pour eux, la vente à l’exportation (quand le marché intérieur est peu ou pas existant) est fondamentale, même si de plus en plus d’organisations du Sud développent des débouchés locaux (vente en gros ou dans des magasins). Dans bien des cas, cette activité est la seule génératrice de revenus et permet à certaines familles d’échapper à l’exode rural. L’artisanat constitue donc un levier important pour agir concrètement en faveur du développement des communautés du Sud, tout comme il est un moyen de valoriser la culture et les savoir-faire locaux. Seuls les magasins spécialisés, comme Artisans du Monde, proposent des débouchés à ces artisans, le volume de leur production ne pouvant permettre un référencement dans les grandes et moyennes surfaces.

L'enjeu du commerce équitable pour les femmes

Parmi les 1.5 milliard de personnes qui vivent avec 1 dollar par jour ou moins, on trouve principalement des femmes. Alors que ces dernières fournissent deux tiers des heures totales de travail, elles ne gagnent que 10% du revenu mondial et ne possèdent que 1% des terres attribuées.
Principales victimes des effets négatifs de la mondialisation libérale, les femmes des pays pauvres subissent de plein fouet les conséquences des politiques d’ajustement structurel ou pâtissent de conditions de travail de plus en plus dégradées dans les industries des zones franches.
Le rôle majeur qu’elles occupent dans le maintien de la vie et la cohésion sociale reste invisible, les indicateurs actuels de richesse ne reconnaissant pas les productions domestiques. C’est parce que le commerce équitable soutient les populations vulnérables et marginalisées et qu’il intègre dans ses critères la promotion et le respect de la femme que près de 80% des producteurs sont des femmes.
Ces dernières, bien qu’exerçant une activité artisanale, se distinguent pourtant des artisans professionnels. Les chiliennes de la Fondation Solidarité ne savaient pas fabriquer d’arpilleras en 1973, les artisanes de Ramahaleo à Madagascar ne savaient pas couper ni confectionner. Pour certaines d’entre elles, majoritairement les femmes seules avec enfants, le commerce équitable est leur seul revenu possible en dehors de la mendicité.

L'impact du commerce équitable

Une étude menée par Artisans du Monde en 2001 auprès de 16 organisations ( représentant plus de 500 producteurs) a révélé des effets positifs sur les producteurs, qui vont bien au delà d'une rémunération supérieure permise par un "prix juste".

L'étude complète est disponible sur notre site (www.artisansdumonde.org).
En voici la synthèse.

L’accès à un métier

Handicapés, intouchables, femmes, de nombreuses personnes n’ont pas ou rarement accès à des activités professionnelles et donc à un revenu. La rareté du travail et l’incompatibilité avec leur situation ou leur niveau de qualification entraînent des situations de pauvreté voire d’extrême pauvreté et d’exclusion sociale dans les familles les plus démunies (ménages monoparentaux, veuves…). Un des changements fondamentaux que permet le commerce équitable est de fournir à ces personnes un métier, une activité rémunérée et compatible avec leur situation : le travail à la tâche à domicile permet de concilier activité productive et activité domestique par exemple. La rémunération obtenue est généralement supérieure ou égale aux rémunérations dans d’autres activités (agriculture par exemple) ou dans la production artisanale pour le marché local.

La possibilité de prendre en charge le minimum vital

Ce revenu leur permet ainsi de prendre en charge une partie des dépenses de première nécessité alimentation, habillement, logement, et souvent scolarisation des enfants. L’accès des femmes à un revenu a un impact tout particulier sur leur famille, ces dernières étant le plus souvent en charge de l'économie domestique. Grâce au commerce équitable, les productrices pourront développer une agriculture de subsistance et assurer la sécurité alimentaire de toute la famille.
Tel est le cas de Firoza, employée par l’organisation Jute Works au Bengladesh :
« Depuis que je fais partie de Jute Works, j’ai pu gagner assez d’argent pour acheter des terres afin d’y cultiver du riz pour notre famille. J’ai participé à une formation pour élever des veaux. J'ai acheté deux boeufs et un char à boeufs pour aider mon mari dans son travail».

Un nouveau marché permettant d'investir

Grâce au commerce équitable, les producteurs exerçant déjà une activité accèdent à un marché leur permettant de diversifier et d'augmenter substantiellement leurs revenus, au lieu de dépendre d’un écoulement local souvent aléatoire ou d’intermédiaires rarement bien organisés. Ces artisans, ayant déjà les ressources nécessaires pour assurer leur minimum vital, sont alors en mesure d’investir les revenus du commerce équitable. Cela leur permet de se développer, de se diversifier et ainsi de maintenir et développer un tissu de producteurs artisanaux.

De nouvelles compétences

Produire pour le commerce équitable suppose de s’adapter aux conditions du marché à l’exportation : respect de cahiers des charges, adaptation à de nouveaux modèles. Des formations viennent renforcer des compétences techniques et d'organisation. Les employées la Coopérative des Femmes de Marrakech ont ainsi bénéficié de formations commerciales, linguistiques et informatiques. Le commerce équitable permet également aux producteurs d’avoir accès, dans le cadre des programmes socio-éducatifs développés par leur organisation, à des cours d’alphabétisation, d’éducation sanitaire.

La valorisation de soi

De nouvelles compétences techniques, des revenus augmentés, des commandes régulières, des contacts avec des personnes extérieures au milieu, des produits qui sont exportés en dehors du pays…Tous ces éléments contribuent à la reconnaissance, à la valorisation des producteurs. Le commerce équitable - à travers la possibilité d’exercer une activité économique reconnue - contribue à leur reconnaissance sociale et permet d’induire des changements de comportements dans les ménages et la société. Les femmes passent d’une condition de mère au foyer dépendant du mari et de son revenu à celle d’acteur économique recevant directement un revenu et pouvant décider de son utilisation, même minime. Les femmes du Panjora Mahila Shomitee, Bengladesh, qui produisent des objets en jute, ont expliqué l’impact de ce revenu sur leur relation avec leur mari : « Avant, on demandait 2 takas (0.04 €) aux hommes, maintenant il arrive qu’ils nous demandent de l’argent », sur leur capacité à agir, « les femmes sortent elles-mêmes pour acheter leurs saris » et sur leur statut, « le divorce unilatéral par répudiation ne se fait plus dans le village ».

Le développement de liens sociaux

Ces organisations amènent leurs membres à sortir de leur réseau de relations familiales pour se constituer des réseaux plus larges autour d’enjeux nouveaux, les amenant là aussi à développer de nouvelles compétences de gestion, de négociation, de médiation.

Portraits de producteurs

La Fondation Solidarité au Chili pénètre le marché local

Créée après le coup d’état de 1973, la Fondation a aujourd’hui un chiffre d’affaires de 300 000 € dont 60 % dans le commerce équitable. Elle emploie sept salariés et travaille avec 84 ateliers qui regroupent 449 producteurs. La Fondation a complété son action en cherchant à pénétrer le marché local par une requalification et une redynamisation de ses ateliers. Cette stratégie lui a permis de gagner des appels d’offres du Ministère de l’éducation pour la production de poupées sexuées (destinées aux cours d’éducation sexuelle) et de jeux pour les enfants. Cette politique donne à ses ateliers un accès à de nouveaux marchés et amène les producteurs à développer de nouvelles techniques et de nouveaux savoir-faire.

Au Burkina Faso : des handicapés qui jouent leur rôle dans leur famille

Le centre des handicapés de Koupela produit des objets en cuir et des tissages qui sont commercialisés essentiellement dans le réseau Artisans du Monde. Les membres du centre témoignent de la possibilité qu’ils ont eu de travailler, produire et gagner un revenu qui leur permet d’exister. La majorité des membres du centre ont pu se marier, avoir des enfants et assumer les charges de leur famille. Ce qui, disent-ils, « n’a pas de prix ».

Au Népal, des intouchables innovent

A Palpa, l’Association des producteurs d’artisanat est en contact avec une entreprise créée par des intouchables, qui produit des objets en cuivre, production traditionnelle de la région. ACP les appuie dans la recherche d’innovations techniques, comme l’association de matériaux, pour mieux s’adapter au marché. C’est ainsi qu’ils innovent sur le plan des techniques et du design.


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